Les romaji (ローマ字), le quatrième système d’écriture de la langue japonaise

Le 20 mai, c’est le jour des romaji (ローマ字, littéralement « alphabet romain »). Les romaji, ce sont ces caractères de l’alphabet latin utilisés pour transcrire la langue japonaise. Revenons sur leur apparition et sur la place qu’ils occupent aujourd’hui dans le paysage linguistique nippon. 

L’apparition des romaji (ローマ字)

Les premières transcriptions du japonais datent du XVIème siècle. Elles furent conçues par les missionnaires portugais qui souhaitaient communiquer avec les Japonais.

L’apprentissage de la langue japonaise représentait un défi de taille. Pour le rendre plus accessible, les missionnaires ont développé des dictionnaires en s’appuyant sur l’alphabet latin. Le premier livre japonais écrit en romaji paraît en 1591 : il s’agit d’un livre religieux, écrit par le jésuite portugais Alessandro Valignano (photo). 

Le développement des transcriptions

Plusieurs transcriptions ont été proposées depuis le XVIème siècle. Aujourd’hui encore, différents systèmes co-habitent.

  • La méthode Hepburn (ヘボン式, Hebon shiki)

Elle a été conçue par un groupe composé de Japonais et d’étrangers, dont le missionnaire américain James Curtis Hepburn. Cette méthode repose sur une retranscription phonétique du japonais. Animé d’une volonté forte de faire connaître la langue nippone aux Occidentaux, Hepburn publie en 1867 le premier dictionnaire japonais-anglais destiné aux Occidentaux.

  • La méthode Nippon-shiki (日本式)

Cette méthode de romanisation fût proposée en 1885 par Tanakadate Aikitsu. Elle est plus proche de la logique du système d’écriture des kana. 

  • La méthode Kunrei-shiki (訓令式)

Elle fût introduite par le ministère japonais de l’Éducation entre 1937 à 1954. Il s’agit d’une version moderne de la transcription Nippon-shiki qui illustre mieux la grammaire japonaise. La norme ISO 3602:1989 l’institue comme norme officielle de transcription du japonais. 

Tableau des romaji

Photo : Byron Mayfield, CC BY-SA 3.0 <https://creativecommons.org/licenses/by-sa/3.0>, via Wikimedia Commons

  • La principale différence entre ces différentes méthodes

Elle est simple : le système Hepburn a pour objectif de rendre le japonais facile à prononcer pour les Occidentaux, alors que le système Kunrei, plus régulier, est destiné aux Japonais.

En pratique, c’est la méthode Hepburn qui reste la plus utilisée, y compris au Japon. On la retrouve dans les manuels d’apprentissage du japonais ou sur les panneaux de signalisation.

Les romaji (ローマ字) aujourd’hui

La culture occidentale ayant généré un enthousiasme général pendant l’ère Meiji (1868 – 1912), un mouvement a oeuvré en faveur de l’adoption des romaji (ローマ字) pour remplacer la langue écrite. Toutefois, les efforts fournis pour simplifier les kanji et les kana ont éloigné la possibilité d’accorder une place centrale aux romaji (ローマ字).Panneau Aoyama dori en kanji et romaji

Si aujourd’hui, on utilise rarement les romaji (ローマ字) pour écrire des phrases entières, on les trouve sur les panneaux de signalisation, les affiches ou les emballages. Tour d’horizon des utilisations des caractères latins dans la langue japonaise :

  • Pallier les incompatibilités techniques lorsque les caractères traditionnels ne sont pas disponibles (adresses Web, courriels…)
  • Saisir des textes à partir d’un clavier latin (souvent QWERTY) dans les logiciels de traitement de texte, et plus généralement dans les interfaces homme-machine.
  • Transcrire des noms japonais pour les Occidentaux : signalisation routière, noms des gares et des stations de métro, noms et prénoms sur les passeports etc.
  • Écrire certains sigles tels que NHK (prononcé enuetchikē), abréviation de Nihon Hosō Kyōkai, le service public de radio et de télévision ou OL (prononcé ōeru) : Office Lady, employée de bureau.
  • Attirer l’attention dans les publicités : les romaji reflètent la prononciation japonaise correcte et permettent de communiquer un message (contrairement aux mots et phrases en anglais, qui jouent souvent un rôle décoratif).
  • Travailler l’algèbre : y = x² + 5x + 4 (ワイ イコール エックス 二乗 足す 五 エックス 足す 四wai ikōru ekkusu nijō tasu go ekkusu tasu yon). 

Les romaji (ローマ字) dans l’apprentissage du japonais

Source : https://www.nippon.com/fr/japan-topics/b05609/

Dans les manuels pour les débutants en japonais, on trouve souvent des romaji (ローマ字) à la place des hiragana. Certains sont contre l’utilisation de l’alphabet latin, étant donné son utilisation limitée dans la langue écrite. Il est vrai qu’il est utile d’étudier les kana le plus tôt possible pour arriver à lire le plus rapidement possible. De plus, les différents systèmes de romaji (ローマ字) peuvent prêter à confusion.

Néanmoins, il semble excessif d’ignorer complètement les romaji (ローマ字). En effet, en regardant des anime, en lisant des manga ou en visitant le Japon, on observe que l’alphabet latin occupe une place à part entière dans la langue écrite.


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